
L’entreprise Le Grand Léjon a été créée en 1953 pour saler les prises des Terre-Neuvas. L’arrêt de cette pêche a obligé la PME installée à Binic à se réinventer, pour s’adapter à l’évolution des habitudes de consommation et à la montée en puissance de la grande distribution. Aujourd’hui, labellisée Entreprise du patrimoine vivant, elle continue d’innover avec des tartinables et des produits de la mer frais.
Comme beaucoup de sociétés, l’entreprise agroalimentaire de produits de la mer Le Grand Léjon (11,8 M€ de CA en 2023, 43 salariés), basée à Binic (Côtes-d’Armor), a dû se réinventer au cours de son histoire, débutée en 1953.
Cette année-là, Louis Le Gonidec et ses deux frères créent un atelier de salaison du cabillaud et de fumaison du hareng. Un atelier parmi tant d’autres qui, installés autour des ports comme ceux de Binic, Paimpol ou Saint-Malo, attendent les morues rapportées par les Terre-Neuvas, ces marins bretons qui partaient pêcher devant les côtes canadiennes.
Une entreprise du patrimoine vivant
L’épopée bretonne des Terre-Neuvas, commencée au XVIe siècle, s’est officiellement achevée en 1992, avec l’arrêt du chalutier le Victor Pleven, amarré à Saint-Malo. Mais l’agonie de la Grande pêche a été longue et dès les années 1970, les ports ont vu disparaître les ateliers de salaisons et de fumaisons bretons, jusqu’à ce qu’il n’en reste qu’un : celui créé par Louis Le Gonidec. « Nous sommes les derniers à avoir conservé ce savoir-faire de transformation des morues, s’enorgueillit Henri Montagnier, l’actuel directeur général de l’entreprise costarmoricaine. Nous avons d’ailleurs obtenu le label Entreprise du patrimoine vivant en 2023. »
Des vents contraires
L’Établissement Le Gonidec, renommé Le Grand Léjon en 1990, du nom du phare qui garde l’entrée de la baie de Saint-Brieuc, a conservé cette activité de salaison, de découpe et de vente de morue (entière, joues, langues, filets). Mais les animaux ne viennent plus des eaux froides de Terre-Neuve. La réserve de poissons y a été « vidée », victime de la surpêche. Désormais, les cabillauds viennent majoritairement de Norvège et d’Islande.
« Mais les volumes n’ont plus rien à voir, reprend le dirigeant, qui a racheté l’entreprise en 2015, avec l’entrepreneur vendéen Philippe Gendreau, son oncle. Cette activité ne représente plus que 100 tonnes sur les près de 1 000 tonnes que nous travaillons. »